Economie : une histoire bien cyclique

Publié le par Steve Bonet

Wall Street, à New YorkIl est des moments où l'on aimerait se tromper. Pas question ici de s'étendre en vastes considérations, une fois n'est pas coutume, mais simplement de revenir sur quelques faits et quelques explications ayant prévalu pour des événements antérieurs. Ce n'est un secret pour personne, l'économie mondiale flirte avec la crise, amorcée il y a de cela six mois par les conséquences des subprimes outre-Atlantique, et prolongée par l'inquiétude récente des marchés boursiers, que l'affaire de la Société Générale, en France, ne saurait a priori vraiment rassurer... Rappelons que la banque s'est distinguée en 2007 pour son haut niveau de sûreté.

Il est tout de même bon de rappeler, en guise de mise en perspective, que les causes du krach boursier de 1929 ont été identifiées depuis longtemps et figurent dans des manuels d'Histoire à la portée de tous, au programme de la classe de seconde, si les choses n'ont pas changé ces dernières années. Trois facteurs majeurs, conjugués, ont mené à cette crise : surproduction, spéculation, et enfin abus du crédit.

Il n'est pas nécessaire d'en dire beaucoup plus. La crise des subprimes de 2007 constitue un flagrant délit d'abus de crédit dans le domaine immobilier : cette consommation excessive de prêt se retrouve également en Europe, où les foyers s'endettent également pour consommer. Martin Hirsch, ce 3 février sur France 3, rappelle ce poids des crédits à la consommation sur le budget des ménages, avances que la plupart des foyers se doit tout de même de contracter - puis de les rembourser avec intérêt, bien entendu, au risque de se surendetter - pour investir dans de l'électroménager, du durable, ou simplement pour suivre le train de la consommation.

Or cette consommation, fait sociétal, est nécessaire pour assurer le fonctionnement de l'économie moderne et écouler les productions de biens. Ne revenons pas sur ce point, déjà traité, le passage terminologique de budget des ménages au pouvoir d'achat témoigne suffisamment de ces attentes économiques. On voit tout de même là l'émergence d'un dangereux phénomène.

Quant à la spéculation... Bien sûr, l'affaire de la Société Générale est un grand fait divers, que l'on peut considérer peu représentatif puisque ce type d'affaire n'a pas éclos depuis des années. La pratique, toutefois, a été révélée au grand jour comme courante et témoigne d'un principe global de fonctionnement. Beaucoup d'économistes rejoignent l'idée que cette affaire pourrait passer pour l'exception qui cache une règle pourtant de rigueur : c'est également l'opinion suggérée par Elie Cohen ou encore Marc Touati, cité dans Le Point : "Soit ce que la banque dit est vrai et, dans ce cas, il y a un problème de contrôle des risques et cela peut jeter le discrédit sur la Société Générale, d'autant que son avantage comparatif, c'est d'être championne des activités de marché. Soit on ne sait pas tout." (extrait d'un article de Ségolène de Larquier).

Gageons que ces inquiétudes ne sauraient se concrétiser, surtout si elles ne sont pas explicitées ainsi trop souvent : la sphère financière craint, plus que toute autre, le phénomène de la prophétie auto-réalisatrice, que nous aurons bientôt l'occasion d'évoquer en tant que concept-clé. Toutefois, ces similitudes ne sont pas sans rappeler l'essoufflement qui a précédé la dépression de 1929. Il serait bon que nous tirions les erreurs du passé et que nous considérions l'Histoire au mieux comme un outil, au pire comme une leçon.

Publié dans Actualité commentée

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